Vue d’exposition


EPOPEA

Exposition de Benoit Pierre
Centre d'art La Chapelle Jeanne d'Arc, Thouars

Du 5 septembre au 25 octobre 2020

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Sur la route entre Poitiers et Thouars, Benoit Pierre a découvert un ancien panneau d’affichage public. Aujourd’hui, seul subsiste son squelette, et celui-ci lui est apparu comme un flash récurrent au cours de ses trajets entre son lieu de vie et de résidence artistique.

Installé entre 1993 et 1998, ce panneau affichait les montants des fonds publics alloués à la réhabilitation du site successivement utilisé comme carrière d’extraction, puis décharge publique. Sa remise en état a principalement consisté en des actions de comblement de la zone d’excavation et de végétalisation du sol.

À l’origine, le site d’exploitation de la carrière s’étendait alors de part et d’autre de la route départementale 37. Sébastien Morin, historien et guide de la Ville d’art et d’histoire de Thouars qualifie cette départementale « d’autoroute historique ». Théâtre de nombreuses batailles du XVIe et XVIIe siècle et des guerres du XXe siècle, les noms des vallées (Vallée rouget, Vallée sanglante) témoignent de la violence des conflits passés.

La culture intensive du blé et le remembrement des années 70 ont profondément modifié ce territoire. Ainsi, ce paysage offre de grands panoramas monotones où chapelles, donjons, mégalithes et dolmens, archipels des vestiges du passé, à l’exception des silos toujours en activités, ponctuent l’espace de cette grande plaine située sur le seuil du Poitou.

Au printemps 2020, David Falco & Benoit Pierre réalisent cette photographie dotée d’un ciel peu matérialisé et dont on ne sait pas exactement quelle météo il annonce.

Quasiment à échelle 1, les proportions du tirage nous invitent à entrer physiquement et mentalement dans ce paysage. Et alors que le dénuement du ciel et du sol matérialisent l’espace vacant, désœuvré du paysage, celui-ci est le lieu d’une apparition. Investi d’un ruissellement coloré et lumineux, Il s’anime par la grâce de la chorégraphie lente des jeux de la lumière et des couleurs des vitraux de la Chapelle Jeanne d’Arc.

Cette photographie se révèle à la fois concentrique et excentrique : une fois le panneau d’affichage et ses informations évanouis, on peut alors observer le paysage et s’emparer d’un présent ouvert à tous les possibles.

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